The L

   Le métro à Chicago est aérien. Il est surnommé The L, ce qui signifie Elevated railway. Dans le centre-ville, le Loop, quelques stations sont souterraines, mais le claustrophobe peut très facilement les éviter et se balader où il veut. La première fois, quand le wagon se faufile comme un petit ver de terre, si près des gratte-ciel que vous pensez entendre le crissement de la tôle rayer leurs belles parois en verre, la sensation est euphorique. Pour un claustrophobe-agoraphobe, comme moi, qui ne prend jamais le métro d'ordinaire, ni les télécabines, ni les manèges, etc., c'est comme un roller-coaster à 2,50 dollars. Le prix du ticket.

   M. Et moi prenons le métro pour aller au sud du Loop. On nous a déconseillé d’y aller, car c’est apparemment là que la dangereuse réputation de la ville s’incarne. Mais il y a quand même des lieux à visiter, et nous nous y aventurons. Il fait encore très chaud, je porte un mini-short. Nous sommes assis côte à côte dans le wagon, le soleil tape à travers les vitres et nos dos cuisent, c'est inconfortable. Après quelques arrêts, la rame se vide et il ne reste que des hommes. Plusieurs ont des comportements alcoolisés, s’invectivent d’un bout à l’autre du wagon et se jettent des objets. Des verres en plastique, des briquets. J’essaie de me fondre dans le décor, mais mes jambes nues me paraissent soudainement extrêmement exposées. M. a arrêté de parler, il est crispé. Je sais qu’il étudie toutes les possibilités de défense et d'extraction. Finalement, nous arrivons à l’arrêt où nous voulions descendre. Je suis soulagée. 

Le métro aérien de Chicago