Le corps

   Je marche dans la rue et je ne peux m’empêcher de scruter les gens. Il y a moins d’obèses que dans notre imaginaire français. Il y a surtout des grands et gros. Je me sens comme une enfant entourée d’adultes géants. Je regarde les femmes surtout. Elles sont une version maximisée de la femme française. Elles ne sont pas forcément grosses, elles sont juste « plus ». Plus grandes, plus larges, comme si elles avaient plus de muscles, plus de gras, plus d'os, plus d'organes. Leur gabarit ressemble à celui des hommes. Comme si l'évolution de l'Homme aux États-Unis était en avance sur l'Europe. 

   Plus tard, je me demanderais souvent à quoi c’est dû en particulier. Aux hormones ? À une alimentation riche en protéines, nutriment roi aux États-Unis ? Peut-être au lait, que les enfants boivent comme de l’eau pendant le repas, à l’école. Peut-être est-ce dû au lait aux hormones. 

   Visite médicale, quelques jours après mon arrivée aux États-Unis. Ce n’est pas Ellis Island, mais je suis obligée d’y passer et de prouver mes vaccins. L'infirmière me mesure, me pèse, regarde mes dents, ma colonne vertébrale. Elle n’arrive pas à sentir mon pouls dans mon poignet. You’re so skinny! Ce n’est pas un adjectif positif. Elle me dit que je suis trop maigre. Aucun médecin ne m’avait jamais dit ça en France, j’étais dans la moyenne. Mais depuis mon arrivée, j’ai acheté quelques vêtements en taille S, voire XS. Tout est une question de relativité. 

Commentaires

Articles les plus consultés