Alarme

   Nous avons loué un appartement dans un immeuble en construction. L’endroit est neuf, nous sommes les premiers à l’habiter et c’est très agréable, si on oublie les travaux qui commencent à sept heures trente le matin. Un après-midi, à l’heure creuse de la journée (c’est à dire quinze heures. J’ai remarqué que c’était toujours l’heure la plus morte, celle où l’ennui me tombe dessus comme une pluie acide), alors que je suis bien installée sous une couverture, l’ordinateur calé sur mes genoux, le portable dans la main droite, nourrissant ma millenial-attitude, l’alarme à incendie se déclenche. C’est la deuxième fois ce jour-là. La première, elle s’était arrêtée toute seule après dix secondes. Donc j’attends. Mais après quelques secondes, quelque chose me dit que ce ne sera pas le cas cette fois-ci. Le portable toujours dans la main droite, je saute dans ma veste et mes chaussures, prends le temps de fermer la porte de l’appartement et descends. L’alarme ne s’est pas arrêtée, et en plus de son sifflement assourdissant, elle projette une lumière blanche par intermittence qui parachève le travail en vous rendant complètement aveugle. Il n’y a personne dans les couloirs. J’imagine que les autres locataires sont au travail. Au rez-de-chaussée, je croise deux hommes qui farfouillent dans le local technique. Je leur demande si c’est une vraie alerte, l’un me répond que non, c’est juste un mec qui a fumé dans un couloir, et l’autre m’avertit, n’utilisez pas les ascenseurs, quand même. Une jeune femme et son chien en laisse passent derrière moi et sortent de l’immeuble. Mon téléphone toujours dans la main droite, j’ai l’essentiel, je décide de sortir faire le tour du quartier en attendant au moins que l’alarme cesse. Je m’éloigne. Trois ou quatre minutes plus tard, j’entends la sirène des pompiers retentir. Je suis sûre qu’ils vont dans mon immeuble. Je les vois au loin, il y a au moins cinq camions. Pour une cigarette dans un couloir, c’est sérieux. L’alarme des pompiers ne ressemble pas à celle qu’on peut entendre en France. C’est comme celle de la police. C’est seulement quand je l’ai entendue en vraie aux États-Unis, que j’ai compris, mais oui, j’ai déjà entendu ce son quelque part ! Dans un film américain. Dans tous les films et toutes les séries américaines que j’ai regardés. Quand j’arrive à nouveau devant chez moi, trois camions sont en train de quitter les lieux et deux autres s’apprêtent à partir. Je décide d’aller visiter la bibliothèque le temps que tout se calme. 

Commentaires

  1. Les alarmes me font toujours penser à cet épisode de Friends ou Phoebe fait tout pour arrêter le bip bip incessant de la sienne :-D

    La nôtre s'est déclenchée une fois, eh bien ça réveille. Une banale histoire de piles, je crois, pas de feu, heureusement.

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  2. Et alors? Les 5 camions de pompiers étaient là juste pour une cigarette fumée dans le couloir? Faut espérer qu'ils soient aussi efficaces en cas de réel incendie.

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    1. Oui juste pour une cigarette. Et c'est arrivé plusieurs fois depuis ! L'alarme se déclenche tout le temps on n'y fait plus attention...

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