La diversité culturelle à Toronto

   La moitié des habitants de Toronto ne sont pas nés au Canada. C’est la première fois, après toutes les grandes villes que j’ai connues, que je vois et sens vraiment cette diversité au quotidien. C’est très agréable. En arrivant à Toronto, je m’attendais à rencontrer beaucoup de français. J’étais influencée par Montréal, où  on peut entendre l’accent français un peu près partout. Rien qu’en se baladant dans le centre-ville, je dirais que la moitié des personnes à qui vous adressez la parole, dans des magasins par exemple, ont un accent français. C’est bien connu, les Français aiment le Québec. Je pensais donc qu’il en irait de même pour Toronto. Tous les textes officiels, les sites Internet de l’Ontario comme les sites de renseignements généraux sont traduits en français. C’est normal, me direz-vous, c’est la deuxième langue officielle du pays. N’empêche que je pensais que les Français, attirés en masse par cette facilité d’immigration et d’intégration (même les fiches d’impôts sont disponibles en français. Avouez que c’est plus facile que d’immigrer en Chine), peupleraient abondamment les rues de la capitale Ontarienne. 

   Hé bien non. En fait, en un mois, je n’ai entendu qu’une personne parler français dans un espace public, et c’était à Ikea. Une mère de famille qui commençait ses phrases en anglais et les terminait en français, comme si elle se rappelait soudainement qu’elle devait inculquer cette langue à ses enfants. Ça donnait quelque chose comme : « Sacha come here ! Where’s your brother ? Va le chercher s’il te plaît, on passe à la caisse ». Sacha et son frère, en revanche, ne s’embêtaient pas avec la langue de Molière et répondaient exclusivement en anglais. 

   Peu de français, donc. C’est simple, dans mon quartier, quand je sors dans la rue faire une course, autour de chez moi, il y a une mosquée, un supermarché chinois, un restaurant grec, plusieurs restaurants caribéens. J’adore ça. C’est multiculturel. 

   J’oublie de mentionner notre balade dans un quartier branché de Toronto ce week-end avec M.  Et là je vais sortir des chiffres. La majeure partie des gens que nous croisions dans les rues était asiatique. Pour la première fois de ma vie, je ne faisais pas partie du groupe ethnique dominant. Ce qui est intéressant, c’est que nous n’étions pas dans Koreatown ou Chinatown. Nous étions midtown. Près du lac, vous êtes downtown, c’est le centre-ville. En vous éloignant du lac, vous arrivez midtown. Puis il y a uptown, plus au nord. Logique, non ? Ensuite vous avez différents quartiers, et aux Etats-Unis j’avais l’habitude que ces quartiers soient très marqués ethniquement, peu diversifiés. Ici c’est moins le cas. Nous étions sur Yonge Street et il y avait beaucoup d’Asiatiques. Si vous regardez la page Wikipédia de Toronto, vous verrez que cette communauté constitue au total (si on prend en compte l’Asie au sens large, c’est-à-dire l’Inde, le Pakistan et les Philippines compris) plus de 30% de la population de la ville. 

   Cela me fait penser à une amie qui a passé quelques semaines à Vancouver pour apprendre l’anglais. Elle me racontait qu’elle avait visité Seattle, pas loin de la frontière canadienne, aux États-Unis. Alors qu’elle avait plutôt apprécié, la plupart de ses camarades de classe, Japonais ou Coréens ou Chinois, n’avait pas aimé Seattle. Lorsqu’elle leur avait demandé pourquoi, ils avaient répondu que là-bas, il n’y avait personne comme eux. Peu d’Asiatiques. Mon amie et moi, on était surprise par cette réponse, car on aurait pensé exactement l’inverse. On aime les endroits où les gens ne sont pas « comme nous », ou nous pouvons découvrir, apprendre, goûter une nouvelle culture. 

   Je conclurai par cette anecdote que je viens de vivre. En payant mes articles dans un grand magasin de fringues d’occasion, la caissière m’a demandé si j’étais française. Elle avait reconnu mon accent. Puis elle m’a demandé si je venais de France ou du Québec, et quand j’ai dit from France, elle s’est exclamée que c’était la première fois qu’elle avait une cliente française. Et moi, ça m’a fait plaisir. Je ne voyage pas pour rencontrer d’autres français, même si je ne suis pas extrême et qu’il me fait toujours plaisir de rencontrer des Français, ce n’est pas le but de ma venue au Canada. J’aime rencontrer des Canadiens, des gens qui ont immigrés ou grandi ici, des Natifs, des Noirs, des Blancs ou des Asiatiques ou toutes les autres couleurs du spectre de la peau humaine. Je veux me noyer dans la diversité. 

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