Chicago blues

   Il y a un an, je quittais Chicago et les États-Unis, pour m'installer au Canada. D'abord à Montréal, où j'ai passé cinq mois, puis à Toronto. Parfois Chicago me manque. Dans cet article, je voulais faire la liste de ce que je ne retrouve pas au Canada, et de ce que je préfère dans ce pays.

   Je vais faire des comparaisons. C'est humain et c'est plutôt sain, à mon avis. Par exemple, on ne quitte pas un pays montagneux pour un pays tropical sans remarquer la différence. Il faudrait être bien insensible. C'est la même chose pour les différences culturelles, les nier reviendrait à ne pas reconnaître l'individualité de l'autre, en l'occurence d'un pays, d'une nation. Ce qui est nuisible, à mon avis, c'est le jugement. Remarquer la différence et stopper son jugement. S'intéresser et poser des questions.

   On ne vit pas tous de la même façon. Il y a des différences visibles et d'autres moins. Pour moi ces différences sont fascinantes. Bien sûr, elles restent subjectives. Les remarques, les impressions que j'ai eues à Chicago ne sont pas les mêmes que tout un chacun pourrait avoir, car elles sont forgées à partir de ma propre façon de vivre, de ma propre culture. Ceci n'est donc qu'un article subjectif, une vision du monde parmi tant d'autres...

1. Ce qui me manque

   Ça va paraître trivial, mais la première chose qui me vient à l'esprit, quand je pense à Chicago, ce sont les TACOOOOOOS (mon cri de guerre, mon cri de joie, quand il fallait décider quelle nourriture on commandait et quand le livreur arrivait avec mon trésor). Oui, il faut le dire avec la voix grave et enflammée d'un supporter de foot (j'aurais pu mettre une équipe en particulier, mais ç'aurait été mentir sur mes connaissances dans le domaine). Personnellement, j'ai découvert la gastronomie mexicaine à Chicago. J'habitais dans un quartier mexicain et je pouvais facilement me procurer des tacos tous les cent mètres. Aussi des quesadillas, des burritos, des tamales et j'en passe, mais ma révélation personnelle, ce furent les tacos. Peut-être que ce que j'ai découvert n'a rien à voir avec ce que mangent réellement les Mexicains, au Mexique. Peut-être que je me suis empriffrée d'une version américanisée des tacos pendant deux ans. Qu'à cela ne tienne, j'ai kiffé.

   Pourquoi c'est différent à Toronto ? Deux raisons. D'abord il y a peu de restaurants mexicains. Il y en a, bien sûr, je ne vais pas mentir, mais si vous habitez dans le centre-ville et que vous êtes prêts à payer 20 dollars pour manger des tacos, c'est plus facile. Et je viens de résumer le problème en une phrase. À Chicago, les tacos, c'est pas cher et c'est artisanal. C'est-à-dire que si un soir vous avez la flemme de cuisiner, vous pointez votre nez au coin de la rue et vous repartez avec vos tacos. Facile. Ici, à Toronto, les communautés mexicaines ne sont pas aussi présentes. Le go-to restaurant du coin de la rue (à part le chinois, qui est une exception), c'est le restaurant caribéen. Et c'est très bien aussi (si vous aimez les épices). C'est juste que les tacos me manquent. 

   La deuxième raison, c'est le prix. À Chicago, un tacos peut coûter de deux dollars (2,60 dollars canadiens ou 1,80 euros) à beaucoup de dollars. Ce qui m'intéresse, c'est le 2. Deux dollars. En général, on en mange trois. Après chacun fait comme il veut, vous pouvez n'en manger qu'un comme vous pouvez en manger douze, mais les tacos vont par trois. Le calcul est vite fait, deux fois trois six, rajoutez à cela une petite boisson, les taxes, vous arrivez à un total d'environ dix ou douze dollars pour un repas très satisfaisant.

   À Toronto, les tacos les moins chers que j'ai trouvés commencent à 3,95 dollars (2,97 dollars américains ou 2,68 euros). Prenez-en trois, ajoutez une boisson, poum 20 dollars. C'est ce que nous avons payé hier avec M. pour trois tacos et une bière chacun. Gros choc financier. Et alors bien sûr, le dollar canadien n'est pas le même que le dollar américain, mais quand même.


Tacos pas trop chers à Toronto. 10,95 dollars les trois. Par contre,  ce n'est pas très bon. La viande était très très salée.  Mucho Burrito, Fresh Mexican Grill sur Queen Street. https://muchoburrito.com/menu/

Tacos un peu meilleurs (je dirais pas non plus très bons car trop épicés, et les épices étaient dans la viande, donc impossible de faire sans), deux bières, poum 43 dollars. Willbur Mexicana sur King Street. http://wilburmexicana.com

   Bref, les tacos me manquent. (3 gros paragraphes sur les tacos, pardon)

   Une autre chose qui me manque, c'est le lac. À Chicago, j'habitais à 15 minutes à pied d'une plage assez belle, considérant le fait qu'on était en pleine ville. Été comme hiver, il faisait bon s'y promener. C'était une façon facile et gratuite d'égayer un dimanche triste.
Il y a aussi un lac à Toronto, mais j'habite loin et je ne m'y rends que très rarement.



Loyola beach, sur le lac Michigan, Chicago. Été
Hiver

Toute une rangée de bancs le long du lac, peints. Ici les deux lignes et les quatre  étoiles rouges sont le drapeau de Chicago.




La plage en hiver. On ne voit plus la limite entre le sable et l'eau. Hé oui, il n'y a pas qu'au Canada qu'il fait -20 C° l'hiver.


En été, la baignade est surveillée. 
Ça me manque...
 
   Le métro aérien me manque. En tant que claustrophobe, j'avais trouvé MA ville, celle que j'allais pouvoir parcourir en long en large et en travers en métro. Même pas peur, au contraire. Il y a seulement une ligne qui passe sous terre et il est très facile de l'éviter et d'aller au même endroit avec un autre métro.




En hiver, le déglaçage des rails en temps réel, supervisé par cet homme (notez qu'il a gardé l'étiquette d'achat sur son bonnet. Question de style.)

   Le centre ville de Chicago était un peu plus attractif que celui de Toronto. C'est totalement subjectif, mais je vais évoquer comme raison la rivière qui traverse Chicago. Les quais ont été aménagés et l'été il est possible de voyager en water-taxi sur la rivière, c'est magnifique. Le centre-ville s'aglomère autour d'un parc qui abrite une salle de concert à ciel ouvert, un superbe endroit, gratuit, où venir pique-niquer en famille ou entre amis n'importe quel soir d'été. À côté, Toronto semble beaucoup plus industrielle, cachée. Le centre-ville contient beaucoup de tours appartenant à des banques ou grands groupes et n'est pas très accueillant (disons moins, quoi).

The Cloud Gate,  sculpture de Anish Kapoor. Emblème de Chicago.

Autre vue de The Cloud Gate.

Chicago River. Ici teinte en vert pour la St. Patrick en mars.

Chicago river avec un water-taxi.

Fin de l'hiver au pied des Marina tower. Des plaques de glaces peinent à fondre.

 
Les quais aménagés la nuit.

Pavillon Jay Pritzker dans le Millenium Park. Entrée libre et gratuite.

La nuit. 


   La dernière chose, je dirais que c'est le calme général des gens. À Chicago, les américains sont extrêmement gentils et ouverts. Il est très facile d'entamer une conversation avec un inconnu dans la rue, cinq minutes, comme ça, en attendant le bus. À la fin on se dit "bonne journée" et on est content d'avoir passé un bon moment. Plusieurs fois des personnes m'ont arrêtée dans la rue pour me demander où j'avais acheté ma robe ou simplement me dire qu'elle était jolie (jamais des hommes, le harcèlement de rue n'existe pas vraiment (ce n'est pas une vérité générale, mais disons que ce n'est pas un problème comme en France).
À Toronto, les gens sont beaucoup plus pressés. Je ne sais pas si ça a un rapport avec les transports en commun, mais d'une façon générale, personne n'a le temps de discuter chiffon en attendant son bus. En cela ça ressemble plus à l'Europe. Les gens sont plus froids et moins communicatifs dans la sphère publique.

Et comme cet article allait faire trois kilomètres, la suite au prochain épisode...

Commentaires

  1. C'est vraiment marrant, parce que ce n'est pas DU TOUT l'image que j'ai de Chicago! À part pour la bouffe mexicaine (je suis de tout coeur avec toi, même problème à Ottawa!), pour le reste j'aurais interverti "Chicago" et "Toronto" dans les phrases. Des gens gentils, un centre ville sympa... attends, Fox News raconterait-elle des conneries?!

    Plus sérieusement, je te crois complètement, et une fois de plus, ça me rappelle que la perception d'une ville est super subjective et qu'on peut se sentir bien ici ou là pour diverses raisons.

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  2. Haha c'est fou !! Comme quoi c'est vraiment subjectif. En même temps ça confirme ma théorie (qui pointait sournoisement dans ma tête en écrivant cet article), Chicago est simplement la première ville nord-américaine dans laquelle j'ai vécu. Je découvrais tout, chaque coin de rue était un émerveillement, et on n'oublie pas ses premières amours... Malheureusement pour elle, Toronto est juste la numéro deux... Ça ne veut pas dire que je n'aime pas cette ville, au contraire, tu verras dans la suite de l'article.

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