Chicago blues, 2

   La dernière fois, je vous parlais de ce qui me manquait à Chicago. Avant de passer à ce que je préfère à Toronto, il y a une chose que j'ai oublié de mentionner sur Chicago, et c'est plutôt important car ça m'avait donné le titre de cet article... Écouter du blues dans un club au murs de briques rouges, à l'ambiance échaudée et rempli d'âmes en peine qui tentent d'oublier leur dernier amour, un verre de whisky à la main, me manque. Dommage que fumer des cigarettes soit totalement out of the question, car il ne manque que les volutes de fumée pour parfaire l'ambiance.
   Les clubs de blues sont assez nombreux et plus ou moins connus : blue Chicago, The Green Mills, Rosa's Lounge. Je ne les ai pas tous visités, d'abord parce qu'il faut avoir le temps et l'énergie de se coucher tard (et aux États-Unis, on travaillait très fort, comme disent les Québécois), car les performances commencent aux alentours de 22h. 

À la sortie d'une soirée, devant le Rosa's lounge, après quelques verres.

   J'ai aussi eu l'occasion d'aller voir un spectacle de Buddy Guy, un véritable show à l'américaine. J'en ai eu pour mon argent. Il joue régulièrement dans son club pendant le mois de janvier, si vous avez l'occasion d'y aller, ce mec est une légende. À plus de 80 ans, il se balade dans le public en grattant sa guitare de façon suggestive et sensuelle. J'avoue, j'ai un peu rougi quand il s'est arrêté quelques secondes en face de moi.


Buddy Guy qui gratte sa guitare avec ses dents.

     Évidemment tous ces clubs sont assez touristiques. Les prestations sont calibrées et ne dépassent jamais leur temps imparti. Il paraît que les clubs de blues du South side sont encore un peu traditionnels, comprenez que l'ambiance est plus chaleureuse, plus authentique et le public plus local. Mais on ne va pas dans le South side de Chicago comme on va au musée. En deux ans, je n'y ai jamais mis les pieds, pour la simple et bonne raison que je n'avais rien à y faire et que je ne voulais pas faire la touriste dans un endroit qui n'est absolument pas touristique. Malgré tout, on passe quand même un bon moment dans les clubs que j'ai mentionnés, et les groupes qui jouent sont de Chicago, plus ou moins connus, plus ou moins bons. Il faut aussi choisir ses prestations.

 L'histoire de Chicago est étroitement liée à celle du blues. Quand j'étais jeune et que j'écoutais Muddy Waters et Chuck Berry (merci papa pour l'éducation musicale), jamais je n'aurais imaginé qu'une ville puisse fièrement arborer ça sur ses murs :

Muddy Waters sur les murs d'un gratte-ciel de State Street, à Chicago

   Remarquez quand même que ça, ajouté au métro aérien et au magnifique lac Michigan font de Chicago la ville idéale. Pour moi en tout cas. 

   Je suis sûre que j'oublie encore des choses. Il est difficile de condenser deux ans de bons souvenirs en un article. Ce qu'il faut savoir, c'est que Chicago restera à jamais la première grande ville américaine que j'ai découverte. J'ai mis les pieds aux États-Unis pour la première fois à trente ans, alors que je pensais ne jamais y aller, et je me suis sentie comme une enfant découvrant Disney pour la première fois. Tout me paraissait grand, beau et nouveau. Je ne pensais plus ressentir de telles émotions. 
   Adolescente, au lycée et en France en général, j'ai connu cette vague de dédain pour les États-Unis, ce sentiment de supériorité par rapport à un pays que beaucoup considèrent comme chauvin, inculte et complètement fou. Je n'ai jamais vraiment adhérer à ce sentiment. Je n'ai jamais renié que comme beaucoup de mes "compatriotes", en particulier ceux de ma génération, j'ai grandi abreuvée de culture américaine, fascinée par ce grand pays qui me nourrissait de musique et de séries télé. Avant même d'y aller, je connaissais les États-Unis - du moins je le pensais - et j'allais enfin voir par moi-même ce pays riche de culture populaire. Et tout le monde aime la culture populaire. Moi-même, malgré ma tendance à adorer la culture alternative, élitiste et intellectuelle de gauche (j'avoue), je ne renonce jamais à une bonne comédie américaine. Même en dehors des vols transatlantiques. C'est ce qui fait le charme de la vie. 
   Tout ça pour dire que j'aime les États-Unis, et même si, c'est vrai, ils sont complètement fous ces Américains, ils me fascinent et je leur souhaite de vivre une année électorale grandiose et pleine de rebondissements, avec un final opposé à celui de 2016. 

   Il me semblait un peu bizarre d'enchaîner directement sur le Canada, comme ça, sans transition, alors je laisse ça pour une prochaine fois. Teaser de fou. 

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